PestiRiv
- Laurent

- 16 sept.
- 4 min de lecture

Le traitement des vignes, et des cultures en général, est un sujet tabou. Un sujet qui passionne et qui divise aussi. La loi Duplomb en est un bon exemple. Aujourd'hui, l'ANSES communique les résultats d'une grande étude spécifique aux traitements réalisés dans les vignes françaises et à l'exposition des riverains. Voici ce que j'en tire.
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Tout d'abord, je vous propose un petit résumé (1) des éléments de l'étude centrés sur les pesticides biologiques, les seuls que j'utilise depuis bientôt 20 ans.
"J’ai trouvé dans le rapport PestiRiv (2) plusieurs passages très utiles sur le cuivre et ses effets, mais quasiment rien de spécifique sur le soufre (probablement car il n’existe pas de biomarqueur urinaire adapté). Voici les points clés :
🟢 Cuivre dans PestiRiv
Le cuivre est un fongicide majeur en vigne (mildiou, black rot).
Depuis 2019, son usage est limité à 28 kg/ha sur 7 ans (soit 4 kg/ha/an en moyenne).
Présent dans environ 50 produits commerciaux au moment de l’étude.
Sources multiples : alimentation, eau, environnement (trafic, industries), ce qui rend le biomarqueur urinaire peu spécifique à la viticulture.
En zone viticole, l’imprégnation urinaire en cuivre est du même ordre de grandeur que la population générale, mais une sur-imprégnation de 15 à 45 % a été observée pour certains biomarqueurs en zones viticoles, surtout en période de traitement.
L’exposition chronique au cuivre peut provoquer une irritation respiratoire et, dans les cas extrêmes, une pneumoconiose appelée « poumon du viticulteur ».
Dans les urines, le cuivre reste un oligo-élément essentiel : on n’a pas observé de dépassements inquiétants par rapport aux valeurs de référence (VRE).
🟢 Soufre
PestiRiv n’a pas mesuré directement de biomarqueur du soufre (sûrement car ce n’est pas une molécule persistante dans l’organisme).
Mais on sait que son impact principal est irritatif (peau, yeux, voies respiratoires), surtout au poudrage.
Il n’a pas de toxicité chronique comparable aux pesticides de synthèse.
🟢 Bio vs conventionnel (enseignements PestiRiv)
Le bio repose surtout sur soufre + cuivre, avec une empreinte sanitaire bien moindre que les fongicides de synthèse (folpel, métirame, tébuconazole…), qui sont associés à une sur-imprégnation marquée des riverains.
La sur-imprégnation liée au cuivre est réelle mais modérée, et difficile à attribuer uniquement à la vigne.
En bio, l’impact est donc :
Moindre sur la santé humaine (pas de CMR, PE connus).
Plus marqué sur l’environnement (accumulation du cuivre dans les sols).
👉 En résumé :
Soufre : pas suivi dans PestiRiv, effets surtout irritants mais pas de problème de bioaccumulation.
Cuivre : suivi comme biomarqueur, imprégnation légèrement plus élevée près des vignes mais comparable à la population générale ; enjeu surtout environnemental.
Bio vs conventionnel : le bio apparaît nettement plus favorable en termes de santé humaine (moins de molécules préoccupantes), mais il reste perfectible côté cuivre (dose, alternatives, cépages résistants)."
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CE QUE J'EN PENSE
Je suis "un peu" soulagé de voir dans cette étude que les produits bio que j'utilise ont des impacts moins importants sur les riverains que ceux utilisés par les viticulteurs conventionnels. Néanmoins, je suis conscient des impacts et des nuisances que mes produits bio peuvent générer. Et en plus d'en être désolé, mon équipe et moi allons continuer à œuvrer pour minimiser et optimiser les traitements à venir. Tout en maintenant la pérennité de mon domaine viticole.
Pour cela, plusieurs pistes : - Maintenir la production biologique. Et ce, même si cette méthode de culture est plus risquée, plus énergivore, plus onéreuse. Surtout lorsque les vignes sont en coteaux abruptes. La difficulté du bio est effectivement proportionnelle à l'angle de la pente. Néanmoins, la vigne est certainement l'un des végétaux les plus "faciles" à cultiver en bio si l'on veut s'en donner la peine et perdre un peu de l'extraordinaire confort offert par l'industrie chimique. - Continuer à explorer les avancées techniques sur les doses, les produits et les stades d'applications des traitements. - Continuer à participer au réseau DEPHY et apprendre collectivement à progresser. - Trouver des alternatives viables et sans impactes sur l'environnement. - Continuer à informer les riverains des dates de traitements.
Il est évident que nous ne traitons pas les vignes par plaisir. Pour vous en assurer, j'invite celles et ceux qui en douteraient à nous accompagner lors d'une séance de traitement "à dos". Car, très malheureusement, les traitements sont à ce jour le passage obligé pour assurer la qualité et la quantité des raisins qui permettent la durabilité de mon domaine.
PLUS GLOBALEMENT
Le sujet des traitements et des produits phytosanitaires sont comme tous les autres sujets gérés par des groupes de personnes aux intérêts divers et pas forcément enclin à l'intérêt général (je pèse mes mots, vous l'avez remarqué !). Et comme tous les autres sujets, si les décisions étaient l'aboutissement de débats sains, structurés, argumentés et correctement informés au sein d'un panel de citoyens en dehors de tout égo, de toute fierté, de toute carrière, de tout intérêt particulier et de toute influence extérieure, et bien nous aurions à coup sûr des orientations beaucoup plus éclairées, plus honnêtes, plus durables et plus justes.
J’espère que ce débat pourra peut-être un jour se mener de façon sereine, transparente et constructive — car c’est la seule voie pour garantir à la fois la santé des riverains, la qualité des vins et la vitalité de nos terroirs. À votre santé ! (quand même).
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(1) Résumé rédigé par l'IA. Pardon.
(2) Télécharger le tome 2 de l'étude :




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